Devenir intermédiaire : vendre aux restos

Eva, vous préparez de délicieuses pâtes fraîches et lasagnes dans un laboratoire partagé, et maintenant…
les restaurants veulent vous acheter vos créations.

Bonne nouvelle !

Mais une question cruciale se pose : Avez-vous le droit de leur vendre, et sous quelles conditions sanitaires ?

Cet article vous accompagne pas à pas pour comprendre votre statut d’intermédiaire et sécuriser votre activité.

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Preuves réglementaires : ce que dit la loi quand on devient “intermédiaire”

1. Définition d’un opérateur intermédiaire

Dans le cadre du Paquet Hygiène, un professionnel devient intermédiaire dès qu’il fournit des denrées alimentaires à d’autres professionnels, que ce soit pour transformation ou revente (Règlement CE 852/2004).

Donc Eva : dès que vous vendez vos pâtes/lasagnes à des restaurants, vous n’êtes plus en simple remise directe. Vous entrez dans la chaîne alimentaire comme opérateur intermédiaire.

2. Remise directe vs vente B2B : la bascule réglementaire

  • Remise directe : vente au consommateur final (marchés, livraison, etc.).
  • Intermédiaire : vente à un restaurant, une boutique, un traiteur, etc.

Conséquence : certaines obligations changent, notamment l’éligibilité à l’agrément sanitaire, sauf dérogation.

3. Cas d’un laboratoire partagé

Les laboratoires partagés sont autorisés, mais ils doivent :

  • être conçus selon les exigences d’hygiène (Règlement CE 852/2004 – locaux, équipements) ;
  • permettre une sectorisation dans l’espace ou dans le temps (cf. GBPH).
  • disposer de procédures de nettoyage, traçabilité et gestion des risques.

 

Comment faire pour être en règle : le parcours d’Eva, future intermédiaire

1. Déclaration ou agrément sanitaire ?

Bonne nouvelle pour vous Eva :
Les produits comme pâtes fraîches et lasagnes préparées entrent dans la catégorie produits contenant des denrées animales cuits.

Vous pouvez bénéficier de la dérogation à l’agrément, tant que :

  • votre activité reste de petite capacité,
  • la distribution se fait localement ou vers un nombre limité d’établissements,
  • vous ne faites pas de production industrielle.

Source : annexe dérogations – IT produits carnés et dispositions générales du Paquet Hygiène.

Vous devez donc :
Déclarer votre activité à la DDPP (CERFA 13984).
✔ Fonctionner avec un Plan de Maîtrise Sanitaire (PMS).
✔ Assurer une traçabilité amont/aval (obligatoire pour les intermédiaires).

2. Votre PMS doit inclure

Selon les exigences des GBPH (guides de bonnes pratiques) :

  • Bonnes pratiques d’hygiène (nettoyage, gestion de l’eau, tenue, nuisibles…) — cf. GBPH restauration commerciale.
  • Analyse des dangers type HACCP.
  • Maîtrise des températures.
  • Méthodes de refroidissement rapide si les lasagnes sont vendues réfrigérées.
  • Procédures d’autocontrôle.

3. Étiquetage obligatoire pour la vente B2B

Pour vos produits destinés à un restaurant :

  • Dénomination
  • Liste d’ingrédients + allergènes
  • DLC
  • Numéro de lot
  • Nom/adresse de votre entreprise
  • Conditions de conservation

4. Transport et stockage

Vous devez garantir :

  • chaîne du froid maîtrisée,
  • un véhicule propre,
  • une séparation des produits, selon les exigences générales du règlement CE 852/2004.

 

Checklist opérationnelle avant de vendre à des restaurants

1. Documents internes

  • PMS complet
  • Procédures HACCP simplifiées
  • Fiches recettes (pour justification DLC)
  • Registre de traçabilité
  • Fiches de non-conformités

2. Organisation en laboratoire partagé

  • créneaux réservés pour limiter la contamination croisée ;
  • stockage dédié et identifié ;
  • nettoyage avant / après usage selon les GBPH.

3. Questions essentielles à valider

  • Ma DLC est-elle justifiée par étude ou test ?
  • Mes emballages conviennent-ils à la remise B2B ?
  • Mes températures sont-elles maîtrisées du labo jusqu’au restaurant ?

 

Eva, oui, vous pouvez vendre vos pâtes et lasagnes à des restaurants, à condition d’assumer votre rôle d’intermédiaire et de mettre en place un PMS solide, une traçabilité complète et une déclaration DDPP.

Et vous, qu’aimeriez-vous développer : un produit signature ou une gamme complète pour les restaurateurs ?

 

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