A l’époque où je travaillais dans les industries agroalimentaires, j’étais fascinée de voir une multitude de matières premières provenant de divers pays (comme l’Afrique ou l’Amérique du Sud par exemple).
Leur provenance était toujours notée sur une étiquette qui se trouvait normalement collée sur chacun des produits que contenait la palette. C’est la traçabilté !
Mais, j’étais loin de m’imaginer que ces informations sont plus que vitales pour l’entreprise, surtout lors du retrait d’un produit !
Posséder une liste de noms, adresses de nos fournisseurs ainsi que les produits fournis, nous permettait d’avoir de précieux renseignements sur eux si un danger ou un simple défaut (par rapport au cahier des charges fourni) était révélé.
En effet, avec l’aide du numéro de lot (qui doit intégrer la date de fabrication, le lieu de fabrication et le fournisseur), nous pouvons alors signaler tout problème en amont de la chaine. Ceci permet d’éviter que cela se répéte ou si le fournisseur ne respecte toujours pas nos attentes, d’en changer !
Rendez-vous compte !
Vous avez cuisine une viande hachée fournie par un fournisseur qui a « subi » une visite des contrôles officiels.
Ces derniers ont constaté que certains steacks hachés contenaient des résidus d’un produit de nettoyage.
Or, ce produit de nettoyage n’est pas conforme aux obligations imposées par le réglementation.
L’Etat lance alors un retrait de ces steaks hachés grâce au numéro de lot…
Vous devez donc vérifier dans vos stocks…. et vous vous rendez compte que vous en avez !
« Ouf, juste à temps ! » Vous les sortez de vos produits et vous les jetez sans scrupule, car ils auraient certainement plombés votre image !
Quelle aurait été votre réputation si un ou plusieurs de vos clients avaient été malades !!!
Difficile à dire…. Généralement l’enseigne garde des traces de ce type d’incident durant un long moment !
Bref, la traçabilité permet de documenter l’histoire de la vie d’un produit alimentaire (soit sur sa localisation, soit sur ses composantes, soit les 2).
Les différents types de traçabilité
Vous avez tout intérêt de réaliser une traçabilité en amont (c’est-à-dire sur les indications concernant les fournisseurs de vos matières premières).
Vous devez donc conserver en particulier les factures, les bons de livraisons ou tout document permettant d’identifier rapidement une matière première et votre fournisseur.
Pour la traçabilité des produits finis (la traçabilité en aval), il faut retenir que si vous faites de la vente directe cela est impossible.
En effet, il vous faut un registre des ventes, pour pouvoir signaler la date de vente et si possible le nom du client et les modalités de livraison.
Qui, comme vous le voyez, cela n’est pas possible car il y a que des particuliers. Or, la réglementation sanitaire n’impose pas de retracer une vente directe aux consommateurs.
Délai de conservation des documents
Le délai de conservation de ces documents varie en fonction de leur durée de conservation (ici, on parle des denrées alimentaires).
Pour les denrées alimentaires à DLC de courtes durées (< 3 mois) ou sans date limite de consommation (comme les fruits et légumes) : durée de conservation de la traçabilité est de 6 mois à partir de la date de fabrication.
Pour les denrées alimentaires à DLUO ou sans DLUO (comme le vin) : la durée d’archivage est de 5 ans.
Lors des contrôleurs officiels
Pour finir cet article, voici un point sur ce qui peut vous être demandé lors d’un contrôle.
Le contrôleur de la DGCCRF peut vérifier votre système et vos procédures de traçabilité.
Il peut aussi vérifier les modalités que vous avez prévues concernant l’information des autorités en cas de crises alimentaires.
De plus, il peut réaliser un test concret sur votre traçabilité.
Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire 😉
À vous de jouer !
Classez les documents dans des classeurs appropriés.
Mettez à jour vos renseignements sur vos fournisseurs.
Vérifiez vos stocks.
Et faites le test, prenez au hasard un produit qui est stocké et voyez si vous pouvez retrouver le ou les fournisseur(s) de cette denrée alimentaire.
Crédit photos :
Bonjour Vrine,
Je lis régulièrement votre blog et je vous félicite pour son contenu très intéressant. Je viens de me pré-inscrire à votre formation sur l’hygiène alimentaire en restauration commerciale afin de répondre aux questions de mes clients et peut-être un jour franchir le pas pour former à nouveau les restaurateurs. Mais je vous envoie ce message au sujet de la dernière phrase du chapitre « Les différents types de traçabilité » commençant par « qui, comme vous le voyez… » Il y a une erreur!
Cordialement,
Samir
Bonjour Samir,
Merci beaucoup pour votre intervention 😉 J’ai donc revu cette phrase et je l’ai corrigée.
La formation est prête maintenant ainsi que le site de formation en e-learning. Il ne me reste plus qu’à écrire l’email pour vous la proposer…Je vais donc le faire dès aujourd’hui 😉
Vrine
Je souhaiterai savoir si la traçabilité est respectée en boucherie,vue que le produit est vendu directement au consommateur ,et est ce que ça peut faire partie du GBP du boucher?
Merci
Bien sûr que la traçabilité DOIT être respecté par le boucher, c’est une obligation réglementaire européenne. Il doit vérifier chaque lot de viande qu’il achéte et conserver les documents.
Ensuite, vu qu’il vend aux consommateurs finaux, il ne doit pas élaborer une traçabilité. Cependant, c’est le cas quand il vend ses viandes à un restaurant par exemple.
On peut considérer la traçabilité comment une Bonne Pratique, oui.
A+
Merci pour votre reponse.
A tres bientôt.
Bonjour,
Concernant la traçabilité, il faut conserver la traçabilité des produits reçus grâce aux bons de livraisons des matières premières reçues.
Mais en restaurant commerciale, faut il aussi conserver la traçabilité des denrées animales ( viandes, poisson ) que l’on traite ( cuisson, tranchage, hachage ) sur un registre quotidien ?
La traçabilité étant une obligation de résultat et non de moyens, j’interprète que le restaurateur n’est pas obligé d’avoir ce registre. Qu’en pensez vous?
Cdt
Emmanuel
Bonjour,
Merci pour ce site qui apporte pas mal d’informations. J’exploite plusieurs restaurants et un d’entre eux achète de la viande, qu’il découpe, fait cuire et met sous vide avant d’en revendre une partir aux autres établissements.
Sauf erreur de ma part, il faut que je fasse pour cet établissement une demande de dérogation à l’obligation d’agrément sanitaire (quantités revendues de l’ordre de 10-15 kg par semaine seulement)?
Je pense faire faire une analyse par un laboratoire à 3 / 5 / 8 jours pour pouvoir justifier ma DLC?
Sur les étiquettes, quelles informations dois je apporter?
Bien sur une DLC
Fournisseur et n° de lot d’origine?
Date de cuisson? D’emballage?
Ou bien un numéro de lot que je génèrerais en interne et lié à ces informations?
Merci!
La demande de dérogation à l’obligation d’agrément sanitaire ne dépend pas des quantités revendues, mais des quantités re-vendues à d’autres établissements par rapport aux quantités re-vendues aux consommateurs finaux. Si la quantité re-vendue à d’autres établissements est supérieure à 30% de la quantité totale, alors vous devez faire une demande d’agrément sanitaire. Si ce n’est pas le cas c’est bien une demande de dérogation à l’obligation d’agrément sanitaire.
Les informations obligatoires que doit contenir une étiquette sont soumises à règlement qui se trouve sur le règlement n°1169/2011.
Tout d’abord merci de votre retour.
Je vais étudier le texte pour l’étiquettage.
Pour l’agrément sanitaire (ou plutôt sa dérogation) je me basais sur ce tableau : https://www.hygiene-securite-alimentaire.fr/wp-content/uploads/2014/10/Annexe-III-Dispense-agrement-sanitaire.jpg qui figure dans cet article : https://www.hygiene-securite-alimentaire.fr/dinfos-dont-vous-avez-besoin-pour-votre-demande-de-dispense-dagrement-sanitaire/
Dans notre cas la revente dépasse les 30% des quantités achetées mais restent largement en dessous des 100kg par semaine (deuxième colonne). Sachant que les produits en question ne seront pas revendus tels quels mais rentreront dans les achats de matières premières du restaurant.
J’en comprends que nous sommes dans le cas d’une dérogation, mon interprétation est elle correcte?
Si la quantité vendue est < à 100kg/semaine alors oui une demande de dispense d'agrément sanitaire est nécessaire. Attention, vous devez aussi faire attention à la distance entre vous et l'établissement. De plus, les établissements doivent, quand à eux vendre leurs produits directement aux consommateurs.
Pour la distance pas de souci ils sont à moins de 2km (et nous avons un camion frigorifique). Et en effet, vente au consommateur par la suite.
Encore un grand merci pour toutes ces informations.