Aujourd’hui, place à Lucienne… Elle va nous raconter d’où lui est venue cette idée géniale pour lancer son projet d’entreprise.
Pouvez-vous vous présenter aux membres du blog ?
Mon parcours a été en dents de scie.
Après avoir travaillé dans la Haute-Couture, j’ai suivi mon mari à l’étranger.
A mon retour, j’ai atterri dans la formation pour adultes et, les diplômes que j’ai passés ne m’ont pas permis de fuir le secteur de l’insertion qui m’épuisait.
J’ai donc fait tout et n’importe quoi.
Pourquoi ce besoin de créer dans l’alimentation ?
Je suis intolérante au gluten (coeliaque). Cela me touche sévèrement au niveau des intestins et de la peau et cela depuis mon enfance même si j’ai été diagnostiquée vers mes quarante cinq ans.
Ce truc a bousillé mon existence et m’a laissé beaucoup de séquelles.
C’est une sale maladie qui n’est pas suffisamment prise au sérieux en France.
Pour beaucoup de médecins, elle s’arrête aux frontières de l’enfance (comme le nuage de Tchernobyl). Du coup, pour les adultes comme il n’y a pas un vrai accompagnement, on prend du temps à savoir qu’il faut rayer à vie, le gluten de notre alimentation (même pas y gouter).
Les produits que l’on trouve sur le marché français sont très couteux comme s’il s’agit d’un luxe pour nous.
En plus, ils ne sont pas très goûteux, en particulier le pain qui est industriel donc proche du pain de mie.
Les pains fait par des boulangers, dans un environnement de blé, sont donc contaminés.
La question à laquelle je me heurte souvent est la suivante :
- Pourquoi vouloir vendre du sans gluten alors qu’aujourd’hui on trouve des rayons sans gluten dans les grandes surfaces ?
- Ma réponse : et de un, ils sont chers et pas gouteux.
Puis, face aux sceptiques qui ne connaissent pas le sans-gluten, je sors ‘’mon arme fatale’’, la dégustation de deux pains du commerce (ha, les grimaces !), puis mon pain.
- La réaction : mais, c’est du pain ! (quel plaisir d’entendre cela !)
Quand avez-vous réalisé que ce choix était l’idéal pour vous ?
L’idée de me mettre à mon compte m’a toujours habitée.
Tout s’est mis en place en faisant gouter mon pain autour de moi.
Après avoir longtemps renoncé au pain (comme la plupart des intolérants), je me suis mise à travailler là-dessus après un séjour en Angleterre où mes enfants habitent.
Là-bas, c’est pris très au sérieux.
On trouve des rayons « gluten free » et « free from » dans tous les supermarchés. Le choix du sans gluten est très étendu et l’indication sans gluten sur les aliments dans tous les rayons est très présente depuis fort longtemps.
Les prix sont accessibles contrairement à la France ou il vaut mieux avoir un porte-monnaie bien garni.
J’avais envie de partager mes connaissances.
J’avais aussi une envie folle de tout révolutionner, de me faire entendre quoi !
De faire comprendre que ça ne se passe pas dans la tête (le fameux c’est psychosomatique), que ce n’est pas qu’une mode, que c’est une maladie !
Mon sentiment de militante ayant pris le dessus, je ne voyais pas l’importance de mon savoir-faire et par conséquent non plus le potentiel de mon projet.
Le pain est mon point fort, mais, n’ayant pas le diplôme de boulanger, je ne peux donc pas le fabriquer et le vendre.
Après bien des hésitations, j’ai enfin pris la décision de commercialiser mes « paquets de mélanges prêts à l’emploi », auquel il ne restera plus qu’à ajouter de l’eau.
Ils seront faciles à utiliser.
Vous pourrez même obtenir des baguettes car j’ai beaucoup travaillé sur la manipulation de la pâte à pain qui est très collante, contrairement à la pâte à pain traditionnelle.
C’est un bon moyen de rendre accessible à tous les ménages, le produit de base de l’alimentation française, le pain.
Quelle est la plus grande erreur que vous avez commise quand vous avez commencé dans ce projet ?
Mon objectif de départ était de faire simple en faisant des ateliers à domicile tout en vendant des nouveaux produits.
Commercialiser mes paquets de différentes préparations, cela devait se faire par la suite.
J’ai commencé par faire la formation hygiène et sécurité car pour moi, c’était la meilleure façon de savoir où je mettais les pieds.
Mais mon ‘’arme fatale’’ (voir plus haut), que je déployais à chacun de mes RV, a tout chamboulé car elle était très convaincante.
Le conseil de tous était qu’il me fallait vendre mes préparations vu que cela changerait mon chiffre d’affaire.
Ma grande erreur a été d’insister dans mon projet simplifié, par peur tout simplement.
Mon étude était pratiquement bouclée quand je me suis laissée convaincre de travailler sur la commercialisation de mes préparations.
J’ai alors découvert seule un autre monde : il s’agit d’une pratique industrielle que je veux réduire à une petite échelle ! Tout est nouveau pour moi.
Comment choisir les machines, le packaging, les normes, les analyses, tout est différent. Les conseils de la DDPP me sont indispensables (toutes infos supplémentaires seront les biens-venues).
La formation de créateur mise en place par ma Région m’a permis de bien mûrir mon projet et a mis en évidence la nécessité d’un accompagnement plus poussé. J’ai donc accepté de rentrer en couveuse prochainement car il me faut une bonne étude de marché et voire des commandes avant de me lancer.
Conclusion, en voulant gagner du temps, j’en ai perdu considérablement.
Le bénéfice est que, plus je rencontre des professionnels, plus cela conforte mon projet qui intéresse énormément un public déjà à la recherche d’un manger sain.
Y’a plus qu’à s’accrocher.
Waouh… je suis admirative. Bravo pour votre pugnacité, c’est rare. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui débute ?
A mon avis, quand on veut se lancer dans l’alimentaire, la « formation hygiène et sécurité » devrait se faire tout au début. C’est à partir de cette brève formation qu’on peut mettre au point une stratégie.
Un accompagnement (formation) à la création d’entreprise n’est pas un luxe, même quand on pense à un micro projet.
Et avec le recul, quelle est la chose la plus importante que vous avez apprise ?
Un fois que l’on sait ce que l’on veut obtenir, il faut éviter l’erreur de reporter à demain des éléments importants de votre projet surtout si vous êtes conscient qu’il s’agit là de vos points forts.
Il ne s’agit pas là de laisser les autres s’emballer sur votre projet et de vous laisser dépasser.
Dans mon cas, quitte à perdre du temps, c’est moi qui maîtrise mon projet.
Une question sur votre quotidien maintenant, qu’est-ce que vous appréciez le plus quand vous allez au restaurant ?
Dans mon cas d’intolérante au gluten, c’est que l’on ne me regarde pas comme une empêcheuse de tourner en rond, une extra terrestre, une fantaisiste, surtout quand je pose des questions sur le comment a été fait une sauce par exemple.
Avant de m’installer dans le restaurant, ma première démarche est de poser un certain nombre de questions pour déceler déjà s’ils savent ce qu’est le gluten.
Je demande même que l’on pose des questions précises au cuisinier. Si ça les embête, je fuis.
Il faudra bien qu’ils s’y mettent avec les nouvelles lois !
A ce propos, a-t-on prévu des formations spécifiques aux allergènes pour les restaurateurs ? (pas juste des infos !)
D’après ma veille réglementaire sur l’hygiène et la sécurité des denrées alimentaires, non. Cependant, je suis en train d’écrire un petit guide pour aider les restaurateurs avec ces concepts et comment les « dénicher » dans les produits qu’on leur vend.
Dernièrement à Calais (ma ville), je suis rentrée avec ma petite famille dans un resto digne d’un restaurant gastronomique. J’ai été agréablement surprise par leur réaction et l’attention qu’ils m’ont apporté, bien qu’ils en aient fait autant pour les autres.
Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi détendue dans un restaurant.
Pour une fois, je n’étais plus sur mes gardes !
Pour finir cette interview, avez-vous un message que vous aimeriez faire passer ?
J’ai été tellement bavarde qu’il y a plein de messages dans mon récit.
Pour ma propre promotion :
Quand tout sera prêt, je commencerai surtout par une page Facebook professionnelle même si je prévoie un site internet.
Peut-être ferai-je aussi appel au Crowdfunding. Je n’en suis pas encore là.
Par contre l’avis des bloggers pourrait être intéressant à ce sujet.
Merci mille fois d’avoir partagé votre expérience sur la construction de votre projet et votre intolérance au gluten qui en a été le point de départ.
Alors chers lecteurs du blog, qui vous avez un message pour Lucienne, n’hésitez pas, lachez-vous ! 🙄
Quels sont les points sur lesquels Lucienne doit être vigilante, Quelles informations pratiques vous pouvez-vous lui conseiller. Vous pouvez aussi tout simplement partager un retour d’expérience avec elle…