Interview#44- Lorsque les intolérants au gluten ont ce problème, comment font-ils ?

Cela fait un peu plus de 9 ans que le blog a ouvert ses portes. C’était le 14/11/2011. Plus de 9 ans où j’ai pu écrire pour vous sur l’hygiène, la sécurité, les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication et sur la réglementation sanitaire comme les allergènes alimentaires ou le gluten. 

Le temps passe vite, trop vite depuis que je suis devenue Maman (2 fois 2015 et 2017) !

Aujourd’hui, 9 ans plus tard, j’ai pris la décision de recommencer à écrire sur ce blog. Je me suis décidée en lisant l’interview qu’Alex LeGrand a bien voulu rédiger. 

Oh oui, nous allons changer le monde 😉

Séverine : Alex, pouvez-vous vous présenter s’il vous plait ?

Alex : J’ai fait mes études en école d’ingénieur dans le but de devenir entrepreneur. Et en toute logique, en 2019, j’ai créé YouFood.

YouFood, un site dédié à l'affichage des allergènes alimentaires ou intolérant au gluten

Youfood – Aide pour les restaurateurs ou les consommateurs

YouFood est une plateforme web permettant aux professionnels des métiers de bouche (restaurateurs, traiteurs, artisans) de créer leur affichage des allergènes et de le partager sur internet.

Mais pourquoi ce secteur ?

Car depuis ma plus jeune enfance, j’ai des allergies alimentaires entrainant des réactions sévères. Pas une intolérance au gluten, c’est plus sévère que cela.

J’ai donc pu constater par moi-même à quel point il est compliqué pour les personnes intolérantes ou allergiques de manger à l’extérieur que ce soit au restaurant ou lors d’un buffet. 

J’ai ainsi créé un service qui bénéficie à la fois aux professionnels des métiers de bouche afin de s’adapter aux nouveaux besoins de transparences des consommateurs et à l’augmentation des allergies alimentaires ainsi qu’aux personnes ayant des intolérances ou des allergies alimentaires (comme moi-même).

Quand avez-vous réalisé que ce projet était l’idéal pour vous ?

Dans la phase de développement de mon projet, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux autres entrepreneurs. Ce qui m’a le plus marqué chez eux, c’est le fait qu’il y ait une résonance entre l’entrepreneur et son projet. Cela montre que l’entrepreneur répond à un réel besoin (d’abord le sien puis les personnes qui sont comme lui) de par son expérience et ses propres contraintes.

Aussi, j’avais la profonde conviction qu’il fallait que je porte un projet qui soit en lien avec les allergies alimentaires. Cela dans l’objectif d’améliorer le quotidien des personnes allergiques. D’ailleurs, j’ai rencontré beaucoup d’autres personnes, qui comme moi, ont des allergies alimentaires, ce qui a fini de me conforter dans mon projet.

Quelle est la plus grande erreur que vous avez commise quand vous avez commencé dans ce projet ?

Lors du démarrage du projet, je prévoyais de développer un produit alimentaire pour les personnes allergiques en lien avec les professionnels de la restauration. Un peu sur le modèle de ce que peut produire l’entreprise Natama. 

Bien que je reste convaincu que cet axe de développement soit prometteur (certaines sociétés développent de tels produits aux Québec). 

Je me suis rendu compte que le domaine de la production agroalimentaire était trop éloigné de mon domaine de connaissance pour que je puisse apporter une réelle plus-value.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui débute ?

Pour quelqu’un qui souhaiterait créer son entreprise, je conseillerais en premier lieu de rencontrer un maximum de potentiels prospects afin de cerner au mieux leurs réels besoins et leur apporter de la valeur. De même, il est essentiel de se rapprocher d’autres entrepreneurs ou entreprises, car ils ont en général une vision assez globale des problématiques du secteur ce qui permet de gagner du temps dans la définition de son projet.

Avec le recul, quelle est la chose la plus importante que vous avez apprise ?

Cette aventure m’aura permis de développer de nombreuses compétences. C’est vrai que globalement les études supérieures, dans le monde d’aujourd’hui, mettent surtout en avant des connaissances et des capacités intellectuelles. C’est dommage qu’il n’y ait pas plus d’enseignements plus transversaux permettant d’aborder un aspect plus humain de la création d’entreprise.

Au-delà de l’idée initiale, les facteurs principaux de réussite lorsque l’on crée une entreprise sont plutôt les qualités humaines de l’entrepreneur qui va pouvoir rencontrer, interroger et décrypter les besoins afin de faire évoluer son idée initiale vers une solution concrète.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus quand vous allez au restaurant ?

Pour moi, il y a 3 critères qui font que j’apprécie d’aller dans un restaurant : une cuisine simple, des produits frais et non prétransformés et un personnel qui est sensibilisé aux allergies alimentaires.

Ayant des allergies, bien souvent le premier rapport que l’on a avec le personnel du restaurant consiste à expliquer nos allergies. Cela a une grande influence sur le déroulement du repas. 

Il arrive que l’on sente que cela effraie le serveur ou le cuisinier et dans ce cas il est difficile de manger sereinement. Ou au contraire, on sent que le sujet est maitrisé des équipes, ce qui instaure un vrai climat de confiance et cela fait une très grande différence sur l’opinion que l’on garde du restaurant.

Pour le reste, si les plats sont simples, frais et ont du goût, c’est parfait !

Pour finir, avez-vous un message que vous aimeriez faire passer ?

Si je pouvais faire passer un message au travers de cet interview, j’encouragerais les restaurateurs et les personnes qui ont des allergies alimentaires à plus discuter ensemble.

D’un côté, la prise en charge des allergies alimentaires par les restaurateurs leur ajoute du travail. Comme par exemple, la création de leur affichage des allergènes et pendant les services pour éviter les contaminations croisées. Certains estiment que c’est une mode et qu’il y a excès. De l’autre, certaines personnes allergiques estiment que les restaurateurs ne font pas d’effort pour les aider alors qu’ils n’ont pas choisi d’être allergiques.

Bien qu’il y ait des cas particuliers des deux côtés, dans l’ensemble, le nombre de personnes victimes d’allergies a doublé depuis 10 ans et n’est pas près de diminuer. Dans le futur, les restaurateurs devront plus encore qu’aujourd’hui gérer les problèmes d’allergies alimentaires. Je ne vois donc qu’une seule possibilité pour qu’à la fois les restaurateurs et les personnes allergiques puissent envisager sereinement ce futur, c’est de plus communiquer. 

D’un point de vue pratique, j’encourage les personnes allergiques à parler de leurs allergies avec les restaurateurs tout en étant pédagogues et les restaurateurs à se rapprocher d’organismes qui peuvent les aider sur ce sujet notamment ce blog qui contient des articles très pertinents, mon site YouFood qui peut les aider dans la réalisation de leur affichage des allergènes et l’AFPRAL qui est une des associations représentant la communauté allergique. 

Séverine : Je confirme, le nombre d’allergies alimentaires ou d’intolérances ne fait qu’augmenter. C’est d’ailleurs pour cela qu’un décret d’application fut publié en avril 2015.

C’est le décret n°2015-447 du 17 avril 2015 “relatif à l’information des consommateurs sur les allergènes et les denrées alimentaires non préemballées ».

 

Je te remercie Alex pour cette interview riche en expériences et renseignements.

Je vous conseille d’ailleurs d’aller faire un tour sur le blog d’Alex c’est une mine d’informations : Blog YouFood

 

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